Il y a photo et photographie alternative. J’aime les vieilles photos, j’arpente les brocantes et les vide-greniers à la recherche de ces petits morceaux d’immortalité. photographie alternativeCe n’est pas parce qu’elles appartiennent au passé ou qu’elles représentent un document que ces images m’émeuvent. Non, ce qui me touche, c’est l’empreinte d’un instant gravé dans une émulsion fragile, souvent jaunie, piquée, déchirée et pourtant éternelle dans la poésie qu’elle porte.

Photographie Alternative – de drôles de « type » dans la cuisine

Les mots eux-mêmes de la photographie des siècles passés semblent avoir été inventés par des poètes qui écrivaient avec des rimes en « type » : calotype, daguerreotype, ambrotype, ferrotype, aristotype (oui, vous avez bien lu), cyanotype, et j’en passe.

Les experts reconnaîtront telle ou telle technique, mais ce que le profane peut retenir, c’est la profusion des procédés photographique artisanaux qui ont coexisté. On imagine sans peine chaque photographe faisant sa cuisine, expérimentant une multitude de variantes, réalisant ainsi de ses mains son œuvre, au sens artisanal du terme.

photographie alternative

Le déclencheur et la souris

Lorsque je parcours ma collection de photographies anciennes, je ne peux m’empêcher de penser qu’il manque quelque chose aux images numériques qui envahissent les écrans. Bien sûr, elles sont toujours plus nettes, plus chatoyantes, mais elles sont toutes plus ou moins les mêmes malgré les effets en tout genre que l’industrie du numérique s’acharne à développer en imitant souvent les procédés anciens…
Pour diffuser ses produits au plus grand nombre, l’industrie de la photographie s’est attachée, dès le 19e siècle, à rendre toujours plus accessibles les opérations tant et si bien qu’aujourd’hui, le seul geste du photographe est d’appuyer sur un bouton : le déclencheur et la souris.
À l’heure du numérique, la question de la main de l’homme dans l’art de la photographie est évidemment cruciale mais elle ne date pourtant pas d’hier. Charles Baudelaire écrivait dans son Introduction au Salon de 1859 : « Comme l’industrie photographique était le refuge de tous les peintres manqués… »

photographie alternative

Les pictorialistes

À la fin du 19e siècle, pour se démarquer de la « photo-mécanique » les photographes en quête d’une expression artistique comme Robert Demachy, Constant Puyo, Anne Brigman, Alfred Stieglitz, Heinrich Khun… participent au grand élan de photographie pictorialiste dont la revue Camera Work marque l’apogée de 1903 à 1917. Les pictorialistes affectionnent le procédé à la gomme bichromatée découvert par Alphonse Poitevin vers 1850 par sensibilisation à la lumière de la gomme arabique avec du bichromate de potassium. La photographie alternative est née.

La solution sensible est mélangée avec du pigment de peintre pour obtenir par couchage au pinceau, un support photographique. Pour les pictorialistes, la gomme est un médium de choix, un point de jonction entre la photographie, la gravure et la peinture. Chaque gommiste travaille selon son inspiration avec ses pigments, ses supports, ses coups de pinceaux… et créé ainsi des photographies avec l’empreinte du geste.

photographie alternative - cyanotype

L’aventure de la gomme est toujours tentante pour un photographe, en théorie… car en pratique, se lancer dans la gomme c’est comme apprendre à jouer du piano : il faut travailler sans relâche avant de monter sur scène. Cela n’empêche pas que la résistance s’organise. Les pictorialistes d’hier ont légué leur héritage aux pratiquants de la photographie alternative d’aujourd’hui qui mêlent les techniques du numérique aux procédés artisanaux. Je citerai, à titre d’exemple : Christina Anderson, Jean Charles Gros, Monica Englund, Mike Ware… parmi beaucoup d’autres. Certains d’entre eux sont exposés dans les musées – surtout aux USA – d’autres travaillent encore dans l’ombre mais tous s’attachent à créer une œuvre dans la photographie alternative dont l’âme est insufflée par la main de l’artiste.

Jean-Baptiste Rabouan – qui propose plusieurs stages photos sur Avecunphotographe.fr et a réalisé cet article, participe désormais à ce mouvement de photographie alternative. Il expose à Saumur «Le Monde En Bleu : 30 cyanotypes 30 pays » du 28 juin au 15 juillet 2017 à la galerie Saumur Le Centre.

Lien vers le stage « photographie alternative »

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Jean-Baptiste Rabouan

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Jean-Baptiste Rabouan

Photographe de voyage professionnel, écrivain, spécialiste des procédés alertantifs

Jean-baptiste Rabouan a de nombreuses cordes à son arc : photographe, journaliste et écrivain.

Jean-Baptiste collabore avec de nombreux éditeurs de livres et titres de la presse magazine internationale. Il a été l’un des collaborateurs « staff » du magazine Grands-Reportages de 2000 à 2016 et publie aujourd’hui aux Éditions Glénat. Ses principaux ouvrages dont il signe les textes et photographies sont Ladakh, voyage au royaume de la laine, Cheminements ; Mother India et À la recherche des laines précieuses. Ce dernier a reçu le prix AJT du livre de voyage de l’année 2016 et a été publié aux États-Unis .Auteur également de deux romans : un Jardin sur le Gange, et Le Miel Amer de l’Himalaya.  En marge de la presse magazine et de l’édition, c’est aussi un tireur chevronné qui réalise lui- même ses tirages d’art classiques ou avec des procédés alternatifs

Son travail est distribué par les agences photo Laif et Light Mediation… en savoir plus

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