Affiner son regard aux expositions photographiques

Affiner son regard aux expositions

© – Jean-Baptiste Rabouan

Affiner son regard aux expositions peut être l’occasion de vivre un moment riche en émotions intenses et profondes. Comme pour tous les arts, il faut savoir apprécier les œuvres pour profiter pleinement de l’expérience. Nous pourrions comparer cela avec la dégustation de vin : sans un minimum d’apprentissage et de culture œnologique, on passera à côté des subtiles saveurs d’un grand cru ! Les critiques d’art et autres professionnels ont chacun leur manière personnelle mais il y a néanmoins une base essentielle commune que chacun peut appliquer pour affiner son regard.

La première impression

Contrairement à l’idée reçue, ce n’est pas forcément la meilleure ! Elle reste néanmoins un critère de jugement très important. Avant de commencer la visite, chassez de votre esprit tout ce qui se rapporte au contexte de l’exposition : votre relation à l’auteur, la raison de votre présence, les a priori bons ou mauvais, etc. Ensuite, faite un tour rapide sans chercher à porter un jugement sur les œuvres, notez simplement celles qui vous accrochent le regard. Ensuite mettez-vous à l’écart et sondez ce que vous ressentez sans chercher à se remémorer les photographies. Cherchez simplement l’émotion résiduelle de la première vision : apaisement, enthousiasme, malaise…

La visite contextuelle

Une fois la première impression bien ressentie et mémorisée on s’attache à cerner le contexte de l’exposition :

L’auteur : son époque, ses origines géographiques, sa carrière… tout au moins dans les grandes lignes. S’il n’est pas connu d’avance on trouve toujours une brochure, un cartel ou un site internet pour se documenter sur place. Si c’est une exposition collective, s’attacher à ce qui rassemble les auteurs.

Le travail présenté : le sujet, les conditions de réalisation, l’intention, l’écriture photographique… Comment le photographe a-t-il travaillé : chambre grand format, moyen ou petit format ? Numérique ou argentique ? Qu’elle est son écriture : noir et blanc ? couleur ? infographie ?

Affiner son regard aux expositions

© Jean-Baptiste Rabouan

Le médium des tirages : il existe un très grand nombre de techniques de tirages photographiques : jet d’encre, argentique, platine, charbon… Chacun avec ses particularités. Ce serait un peu comme le choix d’un instrument pour jouer une mélodie. Il y a également le tireur qui compte pour beaucoup : est-ce le photographe ? un tireur artisan ? un tirage machine ? Il suffit de faire l’expérience de voir pour la première fois les tirages originaux de photographies que l’on connaît à travers des publications. La plupart du temps, on a l’impression de redécouvrir complètement les œuvres !

La scénographie : qualité de l’éclairage, de l’encadrement, choix de l’accrochage, format des tirages etc.

On reprend la visite avec tous ces éléments en tête. Cette fois on passe plus de temps sur chaque photographie en lisant éventuellement les légendes. On confronte ce que l’on ressent à l’émotion de la première impression. Est-ce similaire ? complémentaire ? contraire ? Ce second passage doit enrichir l’expérience émotionnelle d’idées, de pensées, de réflexions… Pour certains photographes le sens importe plus que l’esthétique et pour d’autres ce sera le contraire. Affiner son regard aux expositions suppose de s’adapter aux auteurs présentés.

Affiner son regard aux expositions

© Jean-Baptiste Rabouan

L’exposition pour soi

Affiner son regard aux expositions est une chose, mais il faut aussi savoir se faire simplement plaisir. Le troisième passage est une dégustation tout entière pour le plaisir ! On déambule dans l’exposition au gré de ses envies : on contemple longuement certaines photographies, on passe brièvement sur d’autres. Les émotions, les impressions et les réflexions dégagées au cours des deux premières visites nous donnent à vivre une expérience personnelle souvent intense.

Au fur et à mesure des expositions, notre relation à la photographie s’enrichit de sensibilité et d’intelligence qui nous guident lorsqu’à notre tour, on s’arme d’un appareil photo.

Retrouvez Jean-Baptiste Rabouan du 7 au 12 novembre à la Galerie Bridaine, 8 rue Bridaine Paris 17 pour une exposition personnelle : « Contemplations, gommes bichromatées et autres procédés photographiques ». Vous pouvez aussi vous procurer chez Amazon son recueil de nouvelles «Ils étaient photographes, les artistes pionniers » , qui vous invite à découvrir l’histoire de la photographie avec le plaisir de lire de belles histoires.Ils étaient photographes

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Jean-Baptiste Rabouan

Photographe de voyage professionnel, écrivain, spécialiste des procédés alertantifs

Jean-baptiste Rabouan a de nombreuses cordes à son arc : photographe, journaliste et écrivain.

Jean-Baptiste collabore avec de nombreux éditeurs de livres et titres de la presse magazine internationale. Il a été l’un des collaborateurs « staff » du magazine Grands-Reportages de 2000 à 2016 et publie aujourd’hui aux Éditions Glénat. Ses principaux ouvrages dont il signe les textes et photographies sont Ladakh, voyage au royaume de la laine, Cheminements ; Mother India et À la recherche des laines précieuses. Ce dernier a reçu le prix AJT du livre de voyage de l’année 2016 et a été publié aux États-Unis. Auteur également de deux romans : un Jardin sur le Gange, et Le Miel Amer de l’Himalaya.  En marge de la presse magazine et de l’édition, c’est aussi un tireur chevronné qui réalise lui- même ses tirages d’art classiques ou avec des procédés alternatifs

Son travail est distribué par les agences photo Laif et Light Mediation… en savoir plus

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