Éviter le flou de bougé et donc les photos floues est un des premiers souhaits des photographes débutants. Ce flou de bougé est dû à une vitesse d’obturation inappropriée. Dans cet article, nous verrons ce qu’est le flou de bougé, comment le reconnaitre, comment la vitesse varie en fonction de la focale et comment ne pas perdre trop de temps à calculer ce paramètre.

Mais avant les choses sérieuses, un mot du Professeur Gérard Manlussat

flou de bougé

Le flou de bougé créé comme une image fantôme sur ce profil

Dans l’adorable village de Pixellus
Nikonus, Canonus et le sieur Olympus,
Du flou de bougé de concert se lamentaient
« Par Toutautos, j’y perds mon latin» dit Olympus
« Mon matos est pourtant méga stabilisé »
« T’as peut être bu trop de Canon» dit Nikonus
« On va pas tous se shooter au cent mille Isos »
Soudain dans le ciel Bison Futé apparaît,
courroucé, il les regarde et s’exclame
Vitesse de sécurité tu respecteras et
Le flou de bougé enfin tu oublieras

 

Le flou de bougé c’est quoi ?

Lorsque nous tenons notre appareil, nous ne sommes jamais parfaitement immobiles. Nous bougeons plus ou moins fort selon que nous tenons plus ou moins bien notre appareil. Ces micro-mouvements génèrent ce que l’on appelle un flou de bougé qui est responsable de la plupart de vos photos floues.

Identifier le flou de bougé

Une photo floue peut avoir plusieurs causes , mais le flou de bougé est de loin la plus courante.

Voyons d’abord comment identifier ce flou de bougé : comme on le voit sur la photo suivante, le flou de bougé est directionnel (mouvement de haut vers bas ou dans le sens horizontal) et il créé comme une image fantôme.

L’image du cheval ci-dessous, regardée rapidement (comme lorsque l’on jette un œil à l’écran de l’appareil) parait nette, mais si l’on observe plus attentivement l’agrandissement, on voit ce liseré typique du flou de bougé.

flou-bouge_02    flou-bouge_enlarged

Les causes du flou de bougé

On l’a vu plus haut, le flou de bougé est dû au photographe. Rassurez vous tout le monde bouge ! Et lorsque la vitesse d’obturation sélectionnée n’est pas suffisamment élevée, ce léger bougé du photographe se voit sur l’image d’où le terme de flou de bougé.

L’arme absolue contre ce problème est donc une vitesse d’obturation suffisamment élevée. Au 1/8000° de seconde, vous n’aurez jamais ce problème :-). On appelle cette vitesse : la vitesse minimale de sécurité ou vitesse de sécurité. Sachez enfin qu’aucun automatisme ne règle cette vitesse de sécurité pour vous

Les autres types de flou

Flou de mise au point et flou de vitesse du sujet sont 2 autres causes de flou auxquelles nous consacrerons bientôt un article . Il y aussi des flous volontaires et nous en parlerons aussi dans de petits articles  sur la composition et le cadrage. Abonnez vous au blog si vous souhaitez être tenu au courant des nouveaux sujets

La vitesse minimale de sécurité

La vitesse minimale de sécurité, c’est donc la vitesse d’obturation à partir de laquelle vous êtes sûr de ne pas faire de flou de bougé. Or votre appareil ne calcule pas cette vitesse pour vous … même en mode Tout Auto. Une première bonne raison pour sortir de ce mode tout automatique !

Adopter une vitesse de sécurité pour éviter le flou de bougé

Bon, vous me direz que s’il suffit de déterminer une vitesse minimale de sécurité une fois pour toute et de ne pas descendre en dessous, il n’y a pas de quoi en faire un plat. Ce serait merveilleux, malheureusement cette vitesse minimale  de sécurité qui doit nous éviter le flou de bougé varie en fonction de la focale de votre objectif. Autrement dit, ce ne sera pas la même d’une image à l’autre …les chiffres de focale

Pour rappel, la focale représente la distance entre le capteur et la lentille à partir de laquelle les rayons optiques convergent (je fais simple).
Elle est exprimée en millimètres et n’apparaît que sur l’objectif et dans les données exif (visibles sur le moniteur et l’ordinateur après la prise de vue).

Avec un objectif à focale fixe (50 MM par exemple) on sait toujours à quelle focale on est et cela facilite bien sûr le calcul de la vitesse de sécurité.
Avec un zoom – un objectif à focale variable donc – la focale n’est visible que sur le corps du zoom (voir image ci-dessus).

La règle pour déterminer la vitesse minimale de sécurité

La règle de base est très simple : la vitesse doit être au moins égale à la focale de votre objectif

Vitesse Sécurité =  focale

Par exemple, si vous prenez une image avec un objectif de focale de 100 millimètres – votre vitesse doit être au minimum de 1/100° de seconde (bien sûr toutes les vitesses plus rapides vous éviteront le flou également exemple: /250° et au dessus). Donc plus votre focale est importante et plus votre vitesse doit être élevée. C’est aussi simple que cela.

Enfin presque, car il faut également tenir compte de la taille du capteur ou comme disent certains du « crop factor »

En effet, pour un objectif de même longueur focale, comme notre 100 mm si le capteur de l’appareil n’est pas de plein format (ou full frame) – ce qui est le cas de la majorité des réflex et des hybrides – vous devrez multiplier la focale inscrite sur votre objectif par le coefficient précisé dans votre mode d’emploi – en général 1.5 ou 1.6 pour les boîtiers reflex ou hybrides et jusqu’à 5 ou 6 fois pour les bridge. Ce coefficient est appelé crop factor.

Dans notre exemple, notre focale 100 MM devra donc être multipliée par 1,5 par exemple – ce qui nous donnera : la vitesse de 1/150° de sec. – Il suffit donc de connaître son appareil ou de consulter son mode d’emploi pour trouver le coefficient multiplicateur à appliquer. Et c’est la fin des photos floues !

Pourquoi la vitesse de sécurité est-elle liée à la focale ?

Le tremblement du photographe est à peu près toujours le même et dépend principalement de votre façon de tenir votre appareil, du poids de certains appareils, de votre fatigue éventuellement. Au final supposons que vos tremblements décrivent un angle de 2° ( degrés) – c’est négligeable me direz vous : et bien cela dépend de l’angle de champ de votre objectif et cet angle de champ est déterminé par la focale. Regardez le schéma ci-dessous et vous verrez que pour un téléobjectif de 300 MM, le « léger » tremblement a une énorme incidence.

rapport focale et vitesse sécurité

Sur les photos ci-dessous on utilise la même vitesse d’obturation, l’image de gauche faite au 1/200° de sec. pour une focale de 200 MM (avec un plein capteur) respecte exactement la règle de la vitesse de sécurité (vitesse = focale), celle du milieu faite au 1/30° de sec. alors que la vitesse minimale est de 1/200° de sec. est floue sans appel. Celle de droite, prise à la même vitesse bénéficie d’un système de stabilisation optique performant (objectif haut de gamme et récent) qui permet de gagner 3 vitesses (250 / 2 = 125 – 125 /2 = 60 – 60 / 2 = 1/30° de sec.) et est nette, mais un peu moins toutefois que la première.

comapratif vitesse et flou de bouge

Le stabilisateur, une arme absolue contre le flou de bougé ?

Et le stabilisateur me direz vous, est ce que ce n’est pas ce qu’il nous faut pour oublier ces calculs un peu contraignants ? La réponse à la normande s’impose oui et non :stabilisation optique

Oui, la stabilisation – un système mécanique de compensation de tremblements situé dans l’objectif ou le boitier plus rarement – permet de stabiliser l’image dans le viseur et surtout de réduire le flou de bougé, en compensant les mouvements incontrôlés du photographe.  Si vous avez le choix et le budget, optez donc pour des objectifs stabilisés.

Non, cela ne suffit pas à s’affranchir totalement de la règle de la vitesse de sécurité (seul un trépied photo le permet !). Dans des situations de faible lumière, le soir ou en intérieur, vous devrez vérifier vos chiffres … objectif stabilisé ou pas.

Pour savoir si votre objectif est stabilisé regardez la touche VR / IS / OS / OIS  ou dans le menu de l’appareil (steady shot, etc)

Combien de vitesses gagne t-on avec un objectif stabilisé ?

Une ou deux, c’est sûr. Trois ou quatre selon les fabricants (pour les objectifs les plus récents). Pas moyen d’être précis sans faire de tests sérieux aux différentes focales. C’est ce que font les photographes pro et expérimentés. Un test de terrain vous permettra de savoir à quelle vitesse minimale vous pouvez utiliser un objectif (à faire pour chaque focale). Donc si votre appareil ou votre objectif possède un tel système, vous pouvez oublier les multiplications précédentes et vous contenter de reporter le chiffre de la focale pour les petits capteurs ou de diviser par 2 le chiffre de la focale pour les pleins capteurs.

Reprenons notre exemple, pour un objectif de 100 MM

  1. Appareil à petit capteur / Objectif 100 MM = vitesse de sécurité de 1/150° (focale x 1,5)
  2. Appareil à petit capteur / Objectif 100 MM + stabilisateur = vitesse de sécurité de 1/100° ou 1/150° (focale x 1 ou divisée par 2)
  3. Appareil plein capteur / Objectif 100 MM = vitesse de sécurité de 100° (focale x 1)
  4. Appareil à plein capteur / Objectif 100 MM + stabilisateur = vitesse de sécurité de 1/50° ou 1/25° (focale divisée par 2 ou 4)

Le réglage de la vitesse de sécurité en pratique

Enfin, bon en pratique on n’a pas toujours le temps – ni l’envie – de multiplier la focale de 58 MM par 1,6 n’est ce pas (rien qu’en le disant, j’ai un début de mal de tête). Alors comment faire sur le terrain ? Je vous propose plusieurs méthodes de la volontairement simplifiée pour les grands débutants à une technique plus pointue pour ceux qui veulent aller plus loin.

Déterminer le crop factor de votre capteur

  • Quelle que soit la méthode retenue, commencez par déterminer la taille du capteur de votre appareil. Vous trouverez cette information sur internet ou dans le mode d’emploi de votre appareil : regardez à Taille du capteur et ou coefficient multiplicateur. La plupart des reflex et des hybrides sont au format APS-C et leur coefficient multiplicateur est en général de 1,5 ou 1,6 ( ce qui revient au même en pratique) – 2 pour les capteurs 4/3 de certains.

 

Une solution simple pour débuterIso auto pour débutant

Comme nous sommes dans une technique indispensable pour débutants, nous allons vraiment essayer de vous simplifier la vie en évitant la technique superflue : voici donc une première méthode très simple:

Au moment de la prise de vue, regardez sur votre objectif à quelle focale vous êtes et utilisez pour le calcul de la vitesse de sécurité le chiffre de focale le plus proche et le plus élevé. 

Ensuite arrondissez le chiffre et au lieu de le multiplier par 1,5 ou 1,6 – multipliez le par 2.

Exemple, si la marque était entre les chiffres 35 MM et 50 MM – j’arrondis à 50 et je multiplie par 2 ce qui me donne 100 soit la vitesse minimale de sécurité de 1/100 de sec. Cette méthode a l’avantage de toujours vous garder une marge et d’être plus rapide à calculer.

Encore plus simple pour les allergiques au calculIso auto pour débutant

Une astuce pour ceux qui ne veulent pas s’embêter : en extérieur, prenez toutes vos images au 1/500° de seconde au moins … Avec 90% des objectifs classiques (jusqu’à 300 MM de focale pour les petits capteurs) et un peu de soleil cela suffira à vous éviter les flous de bougé et vous n’aurez plus à calculer votre vitesse de sécurité que pour les photos à l’intérieur, en faible lumière ou avec les très gros téléobjectifs.

Un peu plus précisIso auto pour débutant

Calculer la vitesse de sécurité maximale pour chacun de vos objectifs et ne retenez que le chiffre le plus élevé.

Ex : vous possédez un objectif zoom 18/55 MM > la vitesse de sécurité la plus élevée pour cet objectif est de : 55 MM X 2 = 110 >> la vitesse de sécurité est de minimum 1/110° de sec.

Autrement dit pour cet objectif, si vous utilisez cette vitesse vous serez toujours net quel que soit votre focale. Moins de calcul et un seul chiffre à retenir par objectif et plus précis que la seconde méthode

Trouver sa vitesse de sécurité par beau temps et en extérieur

Bonne nouvelle, vous n’aurez pas beaucoup à vous préoccuper de votre vitesse de sécurité par beau temps. Vous serez presque toujours au-dessus. Les 2 cas où il vous faudra faire attention seront  :

  1. Utilisation d’un téléobjectif de 300 mm ou plus
  2. Choix d’une toute petite ouverture (f16 ou f22) pour une photo de paysage par exemple

là il vous faudra être vigilant, mais si vous poussez un peu la sensibilité ISO, ce ne devrait pas être un problème

Trouver sa vitesse de sécurité par faible lumière et en intérieur

Cette fois on ne rigole plus. En intérieur, ou le soir, vous devez impérativement contrôler et déterminer votre vitesse de sécurité, et la régler manuellement. Commencez par faire votre cadrage, puis regardez le chiffre de focale sur votre objectif. Arrondissez au chiffre le plus proche de la marque et multipliez par 2 (si vous êtes avec un petit capteur). Reportez le chiffre obtenu sur votre appareil et voilà.

Si votre boitier vous indique alors que la vitesse choisie est trop élevée pour la lumière disponible montez la sensibilité ISO ou utilisez un trépied.

D’autres façons de réduire le flou de bougé

Bien tenir son appareil est l’une des meilleures façon de réduire le flou de bougé. Ce n’est pas si simple que cela, notamment avec les hybrides et reflex à écran orientable. Nous consacrerons bientôt un petit article à ce sujet. Abonnez vous pour ne rien manquer

Pour ceux qui veulent les formules mathématiques, je conseille ce très bon site :
http://www.la-photo-en-faits.com/2012/10/flou-de-bouge-et-vitesse-de-securite.html

Dans un prochain article nous verrons comment les photographes de reportage font pour travailler à main levée en très basse lumière : en combinant tests d’optique et diverses astuces il est possible de travailler à très basse vitesse.  Cet article vous a plu ? Partagez le sur vos réseaux sociaux préférés, abonnez vous (dans la side bar à droite) si vous souhaitez être tenu au courant des nouveaux sujets et n’hésitez pas à laisser des commentaires

Enfin pour ceux que cela intéresse, ce sujet est abordé dans nos stages Initiation à la Photographie

A bientôt

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