La liste des défauts de nos objectifs est assez longue : distorsion, vignettage, franges colorées, diffraction, déformation de volume, etc … Voici donc un petit récapitulatif qui sera suivi des méthodes de corrections lorsque cela est possible.
Défauts optiques de nos objectifs le petit guide des défauts
Il y en a tellement que l’on se mélange un peu les pinceaux souffleurs.
Les Franges colorées
Il s’agit d’une aberration chromatique (oui le mot est plus compliqué), liée à la nature de la lumière. Ces défauts optiques de nos objectifs sont liés à la nature de la lumière et à celle de votre objectif. La bonne nouvelle, c’est que vous n’y êtes pour rien. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, voici la seconde : elle se corrige facilement. Commençons par la définir. Elle est assez facile à repérer et plus gênante sur les bords de l’image là où la lumière est moins focalisée. Elle se concentre dans les zones de fort contraste. Vous en trouverez des bleues, Cyan, verte ou magenta. L’apparition des franges colorées est due au fait que la lumière se focalise différemment sur les lentilles. Voici un article passionnant ou très indigeste (selon votre amour des formules de physique) qui vous aidera à tout comprendre entre les aberrations chromatiques longitudinales et leurs lointaines cousines transversales … et les torrides histoires d’amours qui les déchirent.
Les fabricants d’appareils ont pourvus leurs meilleurs objectifs de lentilles apochromatiques pour corriger les franges. En règle générale, les zooms sont plus sensibles (plus de lentilles) et les modèles bon marchés, beaucoup plus.
La Distorsion
Celle-ci se corrige bien en post-traitement et même de plus en plus automatiquement. Il reste un type de distorsion difficile à corriger et c’est la distorsion en moustache. Il s’agit d’un type de distorsion en barillet. Les lignes s’affaissent avant de se redresser légèrement sur les bords. Notez que les appareils à plein capteur aggravent le problème, puisqu’ils utilisent toute la surface utile de l’objectif.
Le Flare
Lorsque les rayons de lumière se baladent de manière incontrôlée dans votre objectif, attention au Flare. Ce nom qui sent bon le fish and chips désigne des cercles lumineux, des étoiles, un manque de contraste, etc. Facile à repérer, car il se voit en direct, notamment si vous vous servez du testeur de profondeur de champ. Il est très présent lorsque l’on photographie face au soleil ou avec le soleil dans le cadre. Impossible ou très difficile à corriger en post-traitement. Bonne nouvelle, de tous les défauts optiques de nos objectifs c’est l’un de ceux qui s’évite assez facilement.
D’abord, mettez votre pare-soleil. Evitez les cadrages avec soleil dans le cadre ou très proche des bords. Jetez votre zoom 18/600 MM (non je rigole, mais pensez y quand même). Et oui, encore une fois, plus l’amplitude du zoom est forte et plus il est sensible au flare. Cela vient entre autre de son pare-soleil qui est dimensionné pour la focale la plus courte. Attention, les objectifs à grande ouverture (f1.4 etc) sont aussi très sensibles au flare. Bon pour résumer, mettez votre pare-soleil et bougez pour éviter les retours de lumière.
Le vignettage
La coma
Les aberrations géométriques
La courbure de champ
Tiens j’en entends qui se disent je ne la connaissais pas celle-là. Oui, d’ailleurs son incidence est plus théorique que pratique. Les lentilles de votre objectif ne sont pas planes. Et il y a donc un écart de netteté entre les bords et le centre de l’image. particulièrement à grande ouverture (f/1,4 ou 1,8). Ce qui explique les résultats de certains tests en labo des objectifs. Ces mêmes tests qui donnent sur les forums des discussions sans fin. Dans la pratique on utilise la plupart du temps ces objectifs à grande ouverture pour des portraits ou des scènes en basse lumière. Si la différence de netteté Centre/bords n’est pas colossale c’est sans gravité aucune. Si en revanche, vous êtes spécialiste de la photo de paysage à F1,4 alors là oui, vous avez un soucis… Les fabricants règlent le problème avec des lentilles asphériques. Certains logiciels comme DXO corrigent automatiquement cette différence Centre/Bords.
La déformation de volume
Plus connue sous le nom d’anamorphose ou de métamorphose d’Anna … Non je rigole. Pourtant de tous les défauts optiques de nos objectifs cette déformation est très gênante et très compliquée à corriger. En gros elle affecte les parties de l’image située sur les bords et modifie … comme son nom l’indique leur volume. En clair, elle donne des grosses têtes ou des gens trèèèèès grands. Bref c’est ennuyeux et très visible sur une photo de groupe par exemple. Là encore, ce sont les objectifs grand-angle qui sont le plus affectés et uniquement les sujets et objets les plus éloignés du centre.
On peut la corriger en post-traitement avec le logiciel DXO à qui nous avons emprunté notre photo. C’est même le seul vraiment à savoir bien faire ce type de correction. Lightroom ne propose pas de réglage automatique, mais un réglage d’aspect et un autre d’échelle qui permettent de corriger un peu le phénomène, mais s’avèrent très en dessous de la solution DXO.
Dans le cas d’une photo de groupe ou de personnes ou d’objets placé sur les bords de la photo, il faut cadrer plus large pour éviter cette déformation et recadrer ensuite l’image. C’est possible avec un capteur de 20MP ou plus.
Déformation de perspectives ou de plan
Ce sont des déformations dues au point de vue essentiellement. En contre-plongée et en plongée, l’appareil n’étant pas plat les formes géométriques sont déformées. les rectangles se transforment en trapèze. Même chose lorsque l’on n’est parallèle au plan. Lorsque l’on photographie un mur par exemple. Contrairement à une idée solidement répandue (curieuse expression d’ailleurs), ce n’est pas tant le type d’objectifs (grand angle) qui créé la déformation que le point de vue. Dans la pratique, les grands-angles nous obligeant souvent à nous approcher plus près, les plongées et contre-plongées sont plus fortes et donc les déformations aussi.
Ce type de déformations se corrige en post-traitement … sous réserve que vous ayez anticipé le problème en cadrant plus large. Ainsi lorsque vous appliquerez les corrections vous ne couperez pas les parties intéressantes de l’image. Il faut aussi penser à ne pas faire de déformation horizontale et verticale sur la même image. Pour le coup aucun logiciel de retouche ne saura se sortir de ce genre de situation. Si la perspective verticale est difficile à éviter sur le terrain, sa voisine se corrige facilement en se plaçant parallèlement au plan.
Pour corriger l’un défauts optiques de nos objectifs les plus répandus, vous pouvez aussi faire l’acquisition d’un – coûteux – objectif à décentrement. Ces petits bijoux permettent de corriger sur le terrain et non en post-traitement. Avantage, vous conservez votre qualité et nombre de pixels d’origine. Vous travaillez plus sérieusement, avec plus de rigueur. Si vous êtes un fan d’architecture, pensez y.
La diffraction
Et pour finir ce petit guide des défauts optiques de nos objectifs voici l’un des plus vicieux … Le phénomène de diffraction affecte tous les objectifs, chers ou pas (égalité pour une fois). Pour décrire la diffraction, disons que la lumière lorsqu’elle passe par un petit trou (le diaphragme en l’occurrence) elle va ensuite se diffuser. Donc plus le phénomène de diffraction est important plus la lumière se diffuse et plus il y aura perte de netteté. La valeur de la diffraction peut se calculer : vous trouverez sur le blog de mon confrère un article très technique qui propose entre autre un calculateur.
En résumé et pour faire simple, pour minimiser le problème de diffraction, vous devez éviter d’utiliser les ouvertures les plus fermées de votre objectif : F16/F22, etc. Sauf si vous avez un besoin cruel de profondeur de champ. Merci aux fabricants qui proposent des sensibilités minimales de 50 ISO donc.Nous ferons un article pratique sur ce sujet très bientôt.
Voilà si ce petit guide des défauts optiques de nos objectifs vous a plus, merci de partager sur vos réseaux et surtout de vous abonner. Certains articles seront d’ailleurs bientôt réservés aux seuls abonnés ! A bientôt sur le blog ou sur facebook et bonnes photos à tous
Je tenais à vous remercier de votre superbe travail .
J’ai eu grand plaisir à le découvrir débutant dans la
photographie .
Merci Jean-Pierre, très heureux que ça vous plaise et vous aide, bonnes photos
Très pédagogique précis et utile … merci !
Merci beaucoup
Très intéressant et utile (comme d’habitude) cet article et d’apprendre l’origine des défauts c’est essentiel. Ça rassure aussi de voir que le matériel est en cause dans la plupart des cas, et cela va me permettre de faire un meilleur choix d’optique lors des prochaines prises de vue. Merci Philippe
Bonjour Benoit, oui ça rassure mais parfois c’est bien nous qui ne faisons pas ce qu’il faut >> voir dernier article : https://avecunphotographe.fr/corriger-les-deformations-de-perspectives/
Il est vrai que parfois on se dit « mais qu’est-ce j’ai bien pu faire, c’est pas top ». Ben, ne pas utiliser un f22… avec un 16mm de près !
Et on n’a pas toujours à l’esprit ce qu’il faut éviter. Merci pour ces rappels qui sont bien clairs.
Merci Berg pour ce commentaire. D’autres articles à suivre sur le sujet
très juste Valérie, merci Philippe pour toutes ces infos !
Merci Champacola
Un article clair et très intéressant ! Et puis, c’est plutôt rassurant de lire que, parfois, on n’est pas seul responsable des défauts qui peuvent apparaître sur nos photos ….. 🙂 Merci.
Merci Valérie, je n’avais pas pensé à cet aspect psychologique 🙂