Photographie signifie écrire avec la lumière – tiré du grec photos = lumière et graphein = peindre, écrire). La lumière est donc notre matière première, notre encre, nos couleurs. Avec elle, nous allons pouvoir écrire et garder une trace. Le terme aurait été inventé ou tout au moins imposé par Sir John Herschel
Écrire avec la lumière
Que ce soit avec les films ou les capteurs numériques, prendre une photo c’est réellement écrire avec la lumière et pas seulement une expression. Comprendre la lumière, savoir l’apprécier, la jauger, est absolument indispensable à tout photographe. Nous allons voir ensemble les différentes qualités de la lumière et ses principales caractéristiques, sous l’angle de la photo bien sûr.
Et la lumière fut !
La lumière est un rayonnement électromagnétique dont les ondes vont du violet profond au rouge. Soit de 400 à 700 nanomètres (pour les techniciens …). On appelle cette étendue, le spectre de la lumière et c’est Newton qui ne s’intéressait pas qu’aux pommes (ça rime) qui a le premier eut l’idée de la décomposer. Ainsi en faisant passer une lumière blanche à travers un prisme, on découvre toutes les nuances de couleurs qui la composent. L’écriture sera d’autant plus facile si l’on connait les principales qualités de la lumière.
Les qualités de la lumière
On va parler ici de dureté ou de douceur, d’intensité, de direction et de couleur. Des choses qui souvent ne préoccupent pas les photographes qui travaillent en lumière naturelle. Le travail en lumière artificielle, flash ou continue, en revanche oblige à s’intéresser à ces qualités. Ce qui s’avère d’ailleurs très formateur.
Lumière dure
On dit d’une lumière qu’elle est dure lorsqu’elle est directe et n’a pas été diffusée ou subi de diffraction. Elle se propage alors en ligne droite et se caractérise par des ombres denses, très noires, un fort contraste et des contours nets. C’est la lumière du soleil à midi par temps clair.
Lumière douce
Une lumière est qualifiée de douce, lorsqu’elle est diffusée ou diffractée. La diffusion intervient lorsque l’on place une surface opaque ou translucide entre la source lumineuse et le sujet. Dans la nature, ce sont les nuages qui jouent le rôle de diffuseur. Un drap blanc tendu au dessus du visage d’un modèle fera de même. La diffusion empêche la lumière de se diriger exclusivement en ligne droite. Elle donne une lumière moins contrastée, avec des ombres moins noires, des contours adoucis et plus de modelé. On parle aussi de lumière à portrait.
L’autre source ou cause de lumière douce est la diffraction. Celle-ci advient lorsque la lumière rencontre des particules sur son chemin, comme de la pluie, fumée, gouttelettes des nuages, brume, etc. Elle change alors de direction et ne se propage plus en ligne droite. Le résultat est le même que pour la diffusion.
Naturelle et artificielle
Il existe 2 types de lumière : la naturelle émise principalement par le soleil et la lumière artificielle qui provient de multiples sources. La lumière artificielle peut être incandescente, fluorescente, LED, etc., mais possède un certain nombre de qualités communes. La principale différence entre les 2 sources de lumière vient d’un phénomène appelé déperdition. Durant leur trajet, les rayonnements lumineux perdent de leur puissance. Avec le soleil, la puissance colossale de la lumière et la distance immense entre la terre et l’astre font que cela ne se voit pas en pratique. Cependant lorsque la lumière entre par une fenêtre par exemple, on la voit bien décroitre en intensité très rapidement. Avec la lumière artificielle en revanche, c’est très net. Sous le lampadaire, on voit bien, mais à quelques mètres à peine, on n’y voit plus rien.
Lumière naturelle
« Ô soleil, toi sans qui les choses ne seraient que ce qu’elles sont » – Edmond Rostand. Pour les photographes, le soleil est souvent la première et principale source lumineuse. Si rien ne vient perturber la course de la lumière, le soleil fournit une lumière dure, très puissante et contrastée. Mais heureusement pour les photographes, la lumière du jour est très marquée par les conditions atmosphériques. L’angle sous lequel on perçoit la lumière, la présence de particules, de brume, de nuages influent très fortement sur la qualité de la lumière naturelle. De plus, à cette lumière directe naturelle, s’ajoutent une lumière réfléchie et une diffuse qui vont adoucir un peu la bête.
Directe, réfléchie ou diffuse
La lumière qui nous provient du soleil est directe. Mais elle arrive en telle quantité et puissance qu’elle se réfléchit sur tous les objets possibles, éléments atmosphériques ou terrestres. La mer, l’eau, les nuages, une étendue de sable, un mur de couleur claire, on pourrait prolonger indéfiniment la liste des éléments réfléchissants. Cette lumière réfléchie n’est plus directe et donc plus douce. Elle est aussi colorée par la surface réfléchissante aussi parfois. Les nuages, les particules présentent dans l’air, la fumée, les gouttelettes de brume vont elles diffuser la lumière directe. Casser sa belle trajectoire et l’adoucir. Ce que l’on appelle lumière naturelle est un mélange de ces 3 types de lumière. Et le dosage varie tous les jours rendant la qualité de la lumière infiniment changeante.
Lumière artificielle
Photographier avec la lumière artificielle est nettement plus compliqué qu’avec la lumière naturelle. Cette fois il faut régler soi-même là ou les sources lumineuses, les photographes disent: bâtir la lumière. Le phénomène de déperdition est ici maximal. Avec un flash on aura bien du mal à éclairer uniformément une scène un peu vaste. Ce phénomène est d’autant plus marqué lorsque la source lumineuse est proche du sujet. C’est un problème que connaissent bien les photographes de studio. Voici la raison pour laquelle, il est si complexe parfois de travailler au flash …
La douceur du ciel
En fait une grande partie du rayonnement du soleil est piégée dans l’atmosphère. Cette lumière – très colorée de bleu par le ciel – va se comporter comme une seconde source lumineuse diffuse. Ce sont les particules présentes dans l’atmosphère qui diffusent la lumière du ciel. C’est ce qui explique que l’on distingue des choses dans l’ombre d’une maison par exemple alors que celle-ci n’est pas éclairée directement par le soleil. C’est aussi ce qui explique la grande différence de balance couleur sur ce type de scène. Blanche ou jaune (3500 à 5500° K) pour la maison éclairée directement par le soleil et bleue pour l’ombre éclairée par la lumière diffuse du ciel (8000 à 10 000°K). Un contraste chaud froid intéressant pour les photographes.
Golden hours – Une histoire d’angle
C’est l’autre grand facteur de qualité. Lorsque le soleil se lève ou se couche sur l’horizon, la lumière du soleil passe à travers une quantité d’atmosphère plus importante. Elle se colore de jaune et de rouge (on parle lumière chaude). Un must pour ceux qui aiment écrire avec la lumière au point que les anglo-saxons ont qualifié ces moments de « golden hours », les heures magiques. Pour les mêmes raisons, la lumière changera de qualité selon la latitude. Plus dure à l’équateur et aux tropiques, avec des « golden hours » très réduites alors que plus on se rapproche des pôles et plus la lumière est chaude et les heures magiques se prolongent.
La direction de la lumière
La lumière se définit aussi par sa direction. Pour nous, la lumière naturelle provient d’en haut et d’une seule source. Pour ceux qui veulent bâtir un éclairage artificiel au flash tout en gardant l’aspect naturel, ce sera une obligation. Dans les films d’horreur, on utilise un éclairage provenant d’en bas pour ajouter au bizarre d’une scène et créer un sentiment angoissant. Mais la direction de la lumière s’analyse aussi par rapport à l’appareil et au photographe. De face, de dos, sur le côté chaque type de lumière va donner une qualité différente, sur lesquelles nous reviendrons en détail dans un prochain article détaillé.
Ce sujet sera suivi d’une série d’articles sur la couleur, les éclairages artificiels et les façons de la travailler, alors … abonnez vous au blog pour ne rien rater et partagez !! Cela nous permet de continuer à écrire
Cet article a été cité dans un Mooc de la fondation Orange sur l’histoire de la photographie – une référence
Merci pour cette article passionnant et très claire. Effectivement c’est le Mooc de la fondation Orange qui me l’a fait découvrir 🙂
Merci, oui c’est un excellent Mooc et très suivi !
Très bien comme source d’étude!
merci
Prise de conscience de ces paramètres. Merci
Merci anonyme 😉 – n’hésitez pas à vous inscrire au blog, c’est gratuit et sans aucun engagement, mais vous serez prévenu de la sortie des nouveaux articles par email. Prenez soin de vous et bonne journée
Lumineux tout simplement.
Merci Kikinow pour ce commentaire, très touché !
Bonjour, la lumière que nous recevons sur terre est passée à travers d’un filtre qui est l’atmosphère, et elle est dite blanche. La longueur d’onde varie, qu’une fois passée à travers un prisme: l’arc en ciel en est le plus connu des exemples. Mais je crois que sur la perception des couleurs vous devez pas oublier que nous sommes en présence de 2 systèmes qui se complètent. Le vert de la feuille que vous aller photographier est en système positif, c’est à dire que la composition moléculaire de la feuille absorbe une partie, à l’instant T ou vous la photographiez, des longueurs d’ondes su spectre et rejette les autres. La lumière, système négatif, fera varier la couleur verte en fonction de sont intensité. Dans le système positif, la palette de couleur est obtenue à partir du jaune, du magenta et du cyan, celle du négatif sont le vert, le magenta et le cyan. De plus vous noterez que le noir et le blanc ne sont pas des couleurs.
Bonjour Serge, oui bien sûr il y a 2 systèmes positif et soustractif (plutôt que négatif) – sujet abordé dans l’article sur la couleur : https://avecunphotographe.fr/la-couleur-en-photographie/ que je vous recommande de lire aussi. Après ces connaissances théoriques sont souvent moins importantes que de comprendre leur application pratique sur le terrain
Agréablement surprise de te retrouver sur ce Mooc, Philippe ! Très instructif cet article, merci à toi .
merci Elisabeth, oui le Mooc est très bien fait je trouve et je suis fier qu’ils citent mon article 😉
Il me semble qu’on n’utilise pas le signe ° à côté du K pour « parler » de degré Kelvin pour la température de Couleur qui n’en ai pas vraiment une. Qu’en pensez vous?
Merci pour cette précision orthographique François 🙂
« Que la lumière soit, et la lumière fut ».
Merci Philippe pour ce tour d’horizon lumineux qui apporte son lot d’éclaircissements sur le sujet.
merci Jean-Yves
Mille merci d’aborder ce sujet Philippe. Je meurs d’envie de me baigner dans la lumière et d’inonder les sujets de beauté. Je pense qu’il y a de la beauté dans les visages à condition savoir la mettre en valeur. Au salon de la photo en 2016, Nikon avait fait une animation en essayant de reproduire la lumière des toiles de maîtres avec un modèle. Une révélation pour moi car c’est ce que je recherche. Quel matériel me conseillerais-tu car j’ai un petit van 60D? Au plaisir de te lire. Christine
un photographe n’a réellement besoin que de la lumière pour mettre en valeur son sujet, il y aura d’autres articles bientôt … aujourd’hui côté matériel tu as beaucoup de choix. Le plus simple pour démarrer est la lumière continue
Un article très bien fait avec des explications très claires, merci pour cette mise en lumière Philippe !! 😉 J’attends les prochains articles avec impatience . Biz 🙂
merci Valérie, j’attends l’illumination pour la suite de la série lumière
Toujours aussi clair, limpide, lumineux, Philippe, j’ose le dire !!
merci Jean-Pierre, voilà un commentaire qui met du baume au cœur !