Le stabilisateur en photo – Arme fatale contre le flou de bougé ?
Le stabilisateur en photo est il l’arme absolue contre le flou de bougé ? Beaucoup de photographes le pensent et négligent du coup des règles simples d’où l’idée de faire un petit point sur cet accessoire génial, mais pas imparable .
Le stabilisateur en photo – la solution au flou de bougé
Apparu récemment sur nos objectifs et / ou nos appareils, le stabilisateur en photo s’est vite révélé indispensable. Son fonctionnement reste cependant assez mystérieux pour certains. Nous allons voir tout cela plus en détail.
La stabilisation à quoi ça sert ?
Il s’agit de compenser grâce à des petits moteurs les mouvements du photographe qui tient l’appareil. De façon à éviter ou tout au moins réduire le flou de bougé. Comme on vous l’a expliqué dans l’article sur le flou de bougé, tous les photographes tremblent un peu au moment de faire des photos. Un champion de tir à l’arc moins qu’un malade de Parkinson atteint d’un hoquet chronique, mais tout de même.
Le stabilisateur en photo a donc comme rôle principal de réduire le bougé du photographe à la prise de vue. Bougé qui est d’autant plus sensible que votre focale est grande … Si vous ne voyez pas le rapport entre focale et flou de bougé, relisez l‘article sur le flou de bougé il y a urgence. Le flou de bougé est l’une des 2 causes de photos floues et souvent la plus répandue.
Stabilisation sur l’objectif ou l’appareil ?
Il y a aujourd’hui 2 familles de stabilisateur en photo : optique (celui intégré à l’objectif) ou mécanique (celui intégré au boitier.)
Intégrée à l’objectif – stabilisation optique
Solution retenue par Nikon et Canon, entre autres. Les moteurs sont intégrés dans l’objectif et permettent de faire bouger une ou plusieurs lentille(s). Ainsi l’image « sortant de l’objectif » est stabilisée. Ce système permet selon les constructeurs de gagner de 3 à 4 valeurs (vitesses ou ouvertures). La visée est également stabilisée et l’image dans le viseur ne tremble pas. Ce qui pour les utilisateurs de longue focale est un vrai plus. Le principal défaut est le prix plus élevé d’un objectif avec stabilisateur (jusqu’à quelques centaines d’euros tout de même). L’objectif est également plus fragile qu’un modèle non stabilisé. Enfin, il y aussi consommation d’énergie supplémentaire.
Intégrée à l’appareil – stabilisation mécanique
Formule choisie par Pentax, Olympus, Sony et récemment Fuji dans laquelle, le stabilisateur agit sur le capteur. L’avantage est que du coup n’importe quel objectif est stabilisé (qu’il ait un stabilisateur intégré ou pas). Pas de surcout au niveau des objectifs et pas de surpoids. Inconvénient principal, la visée n’est pas stabilisée ce qui pénalise l’utilisation de longues focales. La stabilisation est la même pour tous les objectifs.
Et la stabilisation numérique ?
Un argument bidon de vendeur sur les appareils compacts et quelques bridges. L’appareil augmente la sensibilité ISO et donc la vitesse. L’image est donc moins floue grâce à une vitesse plus élevée mais aussi bien plus bruitée à cause de la sensibilité élevée.
Quel système de stabilisateur en photo est il le plus performant ?
C’est la stabilisation optique qui l’emporte dans les (rares) tests disponibles. Vous en trouverez un ici pour ceux qui adorent les beaux graphiques. Un stabilisateur en photo est d’autant plus efficace qu’il est monté sur un objectif récent. Sur les zooms pros 70/200 MM F2,8 Nikon que j’ai utilisé (les 3 derniers modèles) le gain est de 1 vitesse par nouveau modèle environ. Autrement dit cela varie d’un stabilisateur à l’autre. Sony a récemment annoncé que son stabilisateur sur 5 axes faisait des merveilles, mais la marque n’est pas non plus spécialiste des longues focales.
Et si on cumulait les 2 ?
Rien ne vous en empêche en théorie, mais cela ne donne pas de bons résultats car les 2 systèmes ne se parlent pas. Peut être le futur par contre.
Alors peut on photographier à n’importe quelle vitesse grâce à la stabilisation ?
Selon les constructeurs on peut gagner jusqu’à 5 vitesses avec le stabilisateur en photo ce qui fait rêver. Dans la réalité, mes tests persos, faits systématiquement avec chaque nouvel objectif ont plutôt démontré un gain de 3 vitesses maxi. Mais ce qui est curieux c’est que ce gain, n’est pas constant et dans la pratique, certaines vitesses s’en sortent mieux que d’autres. Ainsi sur mon 70/200 F4 Nikon, j’avais un meilleur taux de réussite au 1/60° qu’au 1/125° de sec. Ne comptez pas sur la stabilisation pour en terminer avec le flou de bougé. Seule la connaissance et le respect de la règle de la vitesse minimale de sécurité vous permettra d’atteindre cet objectif, mais cela aide grandement.
La vitesse minimale de sécurité ?
Petit rappel > la règle pour un appareil photo plein capteur (FF) étant que votre vitesse d’obturation doit être au minimum égale à votre focale :
- pour une focale de 100 MM – votre vitesse doit être de 1/100° de sec. (au moins)
- avec un stabilisateur optique, gain de 3 vitesses = 100 : 2 = 50 / divisé par 2 = 25 / divisé par 2 = 12,5 (disons 1/15° de sec
Ça c’est la théorie. Après tout dépend de vous. Est ce que vous tremblez un peu, beaucoup, … Cela dépend aussi de votre position stable ou compliquée (macro), etc. Bref une petite marge d’erreurs et vous pourriez choisir de ne diviser que par 4 le chiffre de la focale (soit 1/50° de sec. du coup)
Avec un appareil à capteur APS-C ou 4/3 il vous faudra appliquer le crop factor – et multiplier par 1,5 ou 2 selon le modèle.
Bref le stabilisateur ça aide, mais ça ne permet pas de se passer d’un petit calcul de temps en temps … Bien sûr ces calculs sont à faire lorsque vous êtes dans des conditions de faible lumière. Comme le soir, en intérieur, etc.
Mon conseil pour ceux qui font des allergies au calcul :
- avec un appareil plein capteur et un stabilisateur > diviser votre focale par 3 et vous obtenez votre vitesse minimale de sécurité
- avec un appareil capteur APS-C et un stabilisateur > diviser votre focale par 2 et vous obtenez votre vitesse minimale de sécurité
- avec un appareil capteur 4/3 et un stabilisateur > utilisez une vitesse égale à votre focale
cette règle est très basique mais vous garde une marge de sécurité
Est ce que les sujets en mouvements seront net ?
Voilà une confusion assez courante. Certains croient que le stabilisateur en photo permet aussi de « figer » un sujet en mouvement. Ce n’est pas le cas. Il ne compense que les mouvements du photographe. Pour être sûr d’avoir une photo nette d’un sujet en mouvement, il faut sélectionner une vitesse d’obturation appropriée
Faut il toujours laisser le stabilisateur activé ?
Et bien non. Le stabilisateur en photo ne sert qu’à main levée, pour compenser votre bougé. Lorsque l’appareil est sur un trépied, il aurait plutôt tendance à créer du flou dans certains cas et donc on le désactive de préférence. Certains appareils et / ou objectifs commencent à détecter l’utilisation de trépied et coupent d’eux même la stabilisation. A vérifier dans votre mode d’emploi.
Beaucoup de photographes conseillent aussi de le désactiver lorsque les conditions de lumière sont suffisantes, pour économiser les batteries et réduire le temps de réaction. Lorsqu’il y a assez de lumière, le stabilisateur en photo est alors inutile. C’est vrai, mais le problème est que vous risquez d’oublier de le remettre.
Quel réglage pour mon stabilisateur ?
La plupart des stabilisateurs proposent 2 réglages. L’un appelé « Normal » ou « 1 » et l’autre appelé « Active » ou « 2 » ou parfois « Sport ».
Dans le mode Normal la stabilisation est ré-initialisée juste avant le déclenchement. Ce mode tient compte des filés et ne compense alors que le mouvement vertical de l’objectif. C’est le mode à utiliser la plupart du temps.
Le mode Active, est à utiliser lorsque vous bougez vous même parce que sur une voiture ou un bateau (cas le plus fréquent), etc. La stabilisation dans ce cas est continue et permet de garder une visée stable. Pas de réinitialisation au moment de la prise de vue, donc il peut être moins précis car ayant une plage moins grande par rapport au mode normal qui est remis au centre à chaque fois. Il consomme aussi plus d’énergie. Ce mode ne tient pas compte des filés et est à éviter pour ce genre de photos.
Enfin, le mode Sport est une variante du mode Active, mais qui fait la distinction entre mouvement du photographe et filé.
Enfin certains appareils proposent 2 modes : stabilisation toujours active (visible dans le viseur) ou juste à la prise de vue. Le premier est OK si vous utilisez des longues focales, mais plus gourmand en énergie.
Toujours activé ou pas ?
Pour les utilisateurs experts : je vous conseille de désactiver le stabilisateur. Le temps de réaction de celui-ci, pénalise les déclenchements réflexe en photo de rue notamment et un stabilisateur n’a d’utilité que si vous risquez d’être en dessous de la vitesse de sécurité. Sinon, au mieux il vous ralentit, au pire il corrigera pendant que vous déclenchez et ajoutera du flou au lieu d’en enlever.
Résumé
Le stabilisateur en photo est il utile ? Oui, je vous conseille fortement la dépense supplémentaire
Suffit il à éviter les photos floues ? Non, seul le respect de la vitesse de sécurité permet ça mais il aide
Faut il toujours l’activer ? Oui pour les débutants, sauf sur le trépied et non pour les experts (relire plus haut)
Quel réglage adopter sur mon stabilisateur ? Normal la plupart du temps et Active lorsque vous bougez (sur un bateau, etc)
Est ce que cela va me permettre de prendre un sujet en mouvement net ? Non, le stabilisateur en photo ne compense que le bougé du photographe pas le mouvement du sujet
Philippe Body
Photographe de voyage professionnel, blogueur, directeur de Avec Un Photographe
En 2011, je créé le site www.avecunphotographe.fr puis la société AVEC UN PHOTOGRAPHE pour proposer des stages photo axés sur la composition et la créativité. J’organise aussi des voyages photo en Asie. Le blog avec un photographe est lancé en 2015. Depuis le site s’est ouvert à d’autres photographes pros de talent. … en savoir plus
Et oui, le stabilisateur est absolument à couper quand on utilise un trépied ! je l’avais oublié lors d’une séance, et pensant faire de belle photos en pause longues, elles étaient toutes loupées, ça m’était complètement sorti de la tet de le couper. Donc voilà comment foirer sa séance photo avec un stabilisateur 🙂
Oui, c’est en faisant des erreurs que l’on se forme, mais pour la distraction on n’a toujours pas trouvé de solution 😉
Bonjour,
J’avais lu quelque part que la « vitesse de sécurité » était de l’ordre de 1/60, soit à quelque chose prêt celle du rythme cardiaque lorsqu’on est au repos. Sans aucun lien avec la focale donc! De ma petite expérience, au départ j’utilisais donc le stabilisateur optique dès que mes vitesses étaient < 1/60. Mais je me suis aussi aperçu (en faisant des tests par curiosité) que j'arrivais à faire des photo bien nette jusqu'à 1/15 (voir 1/10) sans utiliser ce stabilisateur.
Vraie fausse idée que ce 1/60 correspondant au rythme cardiaque?
Bonjour JBC,
Jamais entendu parler de cette relation pour être honnête, mais la règle reliant vitesse et focale est bien réelle de son côté. Evidemment avec un stab, la règle est à adapter. le mieux est de faire des tests pour savoir à quelle vitesse vous pouvez utiliser votre objectif et si c’est un zoom à quelle focale
Bonnes photos. Philippe Body
Merci pour votre réponse! Qui me paraît plus logique (et effectivement vérifiée). Je pense que le lien avec le rythme cardiaque peut cependant aussi être cohérent selon certaines circonstances (difficile de stabiliser après avoir couru un 100 m par exemple!…) Perso quand ça devient limite, j’ai pris l’habitude de bloquer la respiration juste avant de déclencher 🙂
Bonjour, oui moi aussi quand je suis essoufflé ou dans une position de prise de vue compliquée je double facilement ma vitesse d’obturation … pour être sûr d’être net, ce qui avec les ISO aujourd’hui ne pose guère de problèmes
Super riche l’article. Merci pour le partage.
Merci René
Merci pour cette vidéo dont l’approche est très pédagogique… Une question svp : en photo de portrait et portrait dit « environnemental »), avec des conditions « normales » (lumière naturelle), est-ce qu’il est préférable (en général…) d’utiliser un trépied (avec un modèle qui pose) ou un boitier ou objectif stabilisé ? Merci !!
Bonjour Chris,
il est toujours plus pratique de travailler sans trépied, et on fait moins peur à son modèle. Au final, tant que vous avez assez de lumière, essayez de travailler à main levée, surtout avec un objectif stabilisé
Merci de ce retour !
merci beaucoup pour cet article très simple à comprendre et très bien fait
Bonjour Annick, merci pour ce commentaire très gentil
Bravo Philippe, pour ce post simple et compréhensible par tous, un bel exemple de vulgarisation !
Merci Didier
Bonjour,
J’aime beaucoup votre pragmatisme exprimé pleinement dans cet article et présent dans tous les articles que vous publiez. De plus ceux ci sont toujours clairs et concis.
Merci.
Claude
Merci Claude pour ce chaleureux commentaire !