bracketing en photoLe bracketing en photo est une technique consistant à réaliser plusieurs vues d’un même sujet en faisant varier les paramètres de l’exposition, de la balance couleur ou d’autres paramètres – y compris la mise au point. Une technique très utile, notamment pour régler des problèmes de dynamique.

Le bracketing en photo

Appelé fourchette de prise de vue au Québec, le bracketing en photo consiste à faire une série de plusieurs images du même sujet en variant l’un des paramètres de la prise de vue. La plupart du temps, ce sera l’exposition. On se sert de cette technique pour réaliser une image HDR (High Dynamic Range). Celle-ci permet de prendre des sujets très contrastés ayant une dynamique supérieure à celle des capteurs photo.

Dis, c’est quoi la dynamique ?

C’est simplement la capacité de votre capteur à enregistrer en même temps des informations dans les parties sombres et claires de l’image. Elle est, pour les appareils récents, comprise entre 12 et 14 EV. Alors que notre œil, grâce à l’adaptation de notre pupille et notre mémoire visuelle, atteint 24 EV. En clair quand vous regardez par la fenêtre, vous voyez à la fois des détails à l’intérieur et à l’extérieur de la pièce. Votre boitier est incapable d’une telle performance. Selon votre exposition vous aurez une image avec, soit l’extérieur bien exposé et l’intérieur tout noir, soit l’inverse avec l’intérieur bien exposé et l’extérieur tout surexposé.

Mais comment font les photographes pros pour réaliser la vue d’un bâtiment avec vue extérieure et intérieure bien exposé ? Ils apportent de l’éclairage supplémentaire à l’intérieur de la pièce afin que celle-ci soit aussi éclairée que l’extérieur – ce qui s’appelle faire un équilibrage des sources. On utilise généralement des flashs, plus rarement des panneaux LED. Une autre méthode consiste à réaliser une photo – dont la dynamique va être augmentée artificiellement – ce que l’on appelle une image HDR.

Le principe d’une image HDR

C’est très simple : vous réalisez une première vue exposée pour les ombres et les basses lumières / une seconde pour les tons moyens et une dernière pour les tons clairs.

le bracketing en photo sur 3 vues

Ensuite dans un logiciel de post-traitement vous allez fusionner ces 3 images en ne gardant que la partie la mieux exposée de chacune. Rassurez-vous, c’est aujourd’hui très simple et c’est le boulot du logiciel, vous n’avez quasiment rien à faire. Et voici le résultat : une image plus riche et détaillée dans les valeurs extrêmes comme dans les moyennes.

le bracketting - résultat final

 

Tiens, justement vous avez peut-être une fonction HDR sur votre appareil ? Oui, mais dans ce cas, c’est votre appareil qui fera l’image HDR et il vous créera une image finale en JPEG alors qu’un bracketing manuel et une fusion HDR en post-traitement vous donneront une image en RAW – ce qui est bien plus intéressant.

Les différents types de bracketing

Selon les appareils photo et les marques, on vous proposera peut-être différents types de bracketing :

  • Bracketing AE : c’est celui qui nous intéresse ici, il fait varier l’exposition,
  • bracketing WB : fait varier la balance couleur – aucun intérêt si vous travaillez en RAW,
  • bracketing ISO : change la sensibilité – aucun intérêt,
  • bracketing styles d’images : même expo avec plusieurs styles d’images différents – aucun intérêt,
  • bracketing mise au point : permet de décaler la mise au point de quelques centimètres à dixièmes de millimètres – utilisé pour la photographie macro, proxi et micro de très petits objets – afin d’étendre la profondeur de champ. Nous n’en parlerons pas ici.

Bracketing en photo automatique ou manuel ?

Les 2 mon capitaine. Manuel si vous avez le temps et un trépied. Automatique si vous êtes à main levée.  L’intérêt du bracketing manuel est de ne faire que le nombre de vues que vous jugez nécessaires ou de ne faire que des vues surexposées ou sous-exposées. Bref, vous pilotez vous-même. C’était parfait à l’époque où l’on payait les films, mais ça n’est plus trop utile aujourd’hui. Voyons maintenant le bracketing automatique – celui que l’on utilise à main levée.

Dans le bracketing automatique, la série de vues est faite à la suite en mode rafale, pour que vous n’ayez pas le temps de bouger. La séquence est programmable.

Voici les paramètres à régler :

Intervalle : permet de décider de l’écart d’exposition exprimé en stops (1 stop = 1 vitesse ou 1 diaph) : choisissez 1 valeur entière (1 stop)
Nombre de vues : permet de programmer entre 3 à 9 vues différentes – voire plus selon les appareils. Certains ne proposent que 3 vues. Cinq est parfait en général et 7 pour des sujets très très contrastés.
Mode rafale : choisir le mode rafale le plus rapide afin que vos chances de bouger entre 2 vues soient le plus réduites possible.
Sens la séquence : souvent noté comme ceci : +1/ 0 / -1  –  ce qu’il faut comprendre par « Première vue à +1 EV / seconde normale et troisième à -1 EV ». Laissez par défaut cela ne change rien.

Comment savoir combien de vues sont nécessaires ?

Oui, c’est une bonne question. Vous pourriez mesurer avec votre cellule spot l’exposition pour les hautes lumières et les basses lumières – autrement dit point blanc et point noir et ainsi mesurer l’écart entre les 2. S’il dépasse 5 diaphs,  5 vues sont conseillées, si c’est plus optez pour 7 vues. Mais cette procédure, si elle est très précise, est aussi un peu longue sur le terrain. Et puis il y a le risque d’oublier le mode spot ce qui vous fera faire un tas d’erreurs par la suite.

Personnellement, je me fie à mon œil pour voir l’écart de contraste et je choisis un bracketing sur 5 vues sauf lorsque la scène est à ce point contrastée que passer du noir au clair me fait mal aux yeux. Dans ce cas, je passe à 7 vues. Lors du montage HDR, je décide d’utiliser toutes ou seulement une partie de ces vues. Je peux faire l’image HDR à partir de 4 des 5 vues seulement, voire moins. Cette méthode préserve la rapidité sans compromis sur la qualité finale.

Quel écart d’exposition entre 2 vues ?

Là c’est simple, en numérique 1 valeur entière (diaph, ISO, Vitesse) est parfaite. Pas la peine de faire du bracketing sur 1/3 ou 1/2 diaph, ça n’a de sens qu’en prise de vue argentique et en diapo.

Choisir le bon mode auto pour le bracketing en photo

Il faut impérativement choisir le mode d’exposition priorité ouverture. La raison en est simple : dans ce mode l’appareil fera varier la vitesse entre 2 vues, préservant ainsi l’ouverture et donc la profondeur de champ. Car combiner des images ayant une profondeur de champ différente pourrait s’avérer difficile ou d’un rendu moins bon.

Faire attention à la vitesse

Puisque vous êtes en mode priorité d’ouverture, l’appareil fait varier la vitesse de +1/-1 à +2/-2 selon le nombre de vues choisies. Du coup, attention à ne pas faire un flou de bougé ! Je prends un exemple : avec un objectif de 50 mm non stabilisé – en format 24×36 – je ne dois pas descendre en dessous de 1/50 eme de seconde. L’exposition de base me donne : f/8 pour 1/125 de seconde. Est-ce que cela va m’éviter le flou de bougé ? Non, car l’appareil dans une séquence de 5 vues va augmenter l’exposition de +1, puis +2 valeurs. Ce qui donner > 1/125° > 1/60° > 1/30° et donc une vitesse trop basse qui provoquera un flou de bougé. Vous devez donc calculer de tête rapidement si ça passe dans les conditions de prises de vues ou pas et sinon augmenter la sensibilité ISO.

Étude de cas

Dans cette image, les hautes lumières sont déjà très fortes malgré les réglages et les ombres et valeurs moyennes manquent de luminosité. L’écart de contraste de la scène est trop important pour la dynamique du capteur. Ce qui est très souvent le cas avec le soleil visible dans l’image comme ici.

 

La solution va consister à faire un bracketing en photo – à partir de 5 vues différentes – pour compenser le très gros écart de contraste et de luminosité. On voit que je pars d’une expo aussi normale que possible. Le sens de bracketing est 0/+/- mais cela n’a pas grande importance.

bracketing en photo

Ensuite, la fusion va être faite dans le logiciel (Lightroom en l’occurrence). Il suffit de sélectionner les 5 images à fusionner > puis de choisir « Fusion de photo » > « HDR » dans le menu « Photo » du module « Développement ». J’ai marqué les réglages que je laisse cocher. Il ne s’agit pas d’un tuto sur la fusion des photos elles-mêmes, mais du bracketing en photo seulement.

fusion photo HDR lightroom

Le résultat dans ce cas est sans appel : image plus intéressante avec des détails dans le ciel et les nuages comme dans les rizières.

 

bracketing en photo

Bracketing en photo ou filtres dégradés gris (GND)

Voilà une vraie question. Les filtres dégradés sont précisément faits pour ce genre de correction d’exposition. Ici, la forme de la montagne se prête assez mal à l’utilisation d’un filtre dégradé qui pour obscurcir le ciel aurait forcément obscurci aussi une partie de la montagne. Dans ce cas, le HDR, s’avère plus efficace. Mais cela dépend des cas et notamment du mouvement éventuel dans l’image.

Dans l’exemple ci-dessous, les temps de poses longues ont fait que les nuages dans le ciel se sont déplacés et le logiciel n’est pas arrivé à faire un travail de fusion propre. Bien sûr, il est possible de reprendre cela dans Photoshop ou Affinity, mais cela demande de sérieuses compétences et vous prendra du temps. Donc lorsqu’il y a du mouvement dans la scène, préférez les filtres dégradés gris GND  à la technique du bracketting.

 

bracketin défauts de fusion

Conclusion

Le bracketing en photo est une technique incontournable aujourd’hui. La plupart des logiciels de traitement photo proposant une fusion HDR facile et simple, il est devenu très facile de réaliser cela et de sortir du piège des scènes très contrastées. Nous abordons ces techniques dans nos stages Perfectionnement et dans les stages sur le terrain bien sûr. Cet article vous a plu ? Aidez-nous à augmenter le nombre d’abonnés en le partageant sur vos réseaux sociaux !

Ah oui!  une petite nouvelle personnelle, je viens de lancer un service de Carte cadeau pour un tirage photo sur mon site pro. Cela permet d’offrir un tirage photo à une personne tout en la laissant choisir. C’est idéal et … oui c’est bientôt Noël !

Abonnez vous à ce blog

Saisissez votre adresse e-mail pour vous abonner à ce blog et recevoir un message lorsqu'un nouvel article est publié

Rejoignez les 3 098 autres abonnés

Note > cet article possède des liens d’affiliation vers les magasins Miss Numérique et Digit-Photo. Ces liens sont repérables à leur couleur bleu foncé. Si vous cliquez sur ces liens et achetez le produit présenté, vous payez le même prix et nous touchons une commission de 3%. Pour vous, aucune différence, mais cela évite la pub et aide à financer un peu ce blog qui nous demande beaucoup de travail.​

Philippe Body, votre photographe formateur

Philippe Body, votre photographe formateur

Philippe photographe de voyage professionnel a deux passions : la photographie et le voyage.  Après  … lire plus

plus ...

plusieurs séjours en Afrique, il se rend en Asie et c’est l’éblouissement. A la fin des années 80, il réalise ses premiers reportages en Inde, dont un sujet sur l’inaccessible ethnie Muria dans la province reculée du Chattisgarh et le gigantesque projet de barrage Narmada. Plusieurs publications s’ensuivent et ses premiers reportages sont diffusés par l’agence VU. En 1990, il est l’un des premiers photographes à revenir au Vietnam qui sort enfin de son isolement. Cinq ans plus tard, il entre à l’agence Hoa Qui, spécialisée dans la photo de voyage avant de rejoindre en 2007 la prestigieuse agence Hemis.fr. En 2010, il créé le site “www.avecunphotographe.fr” pour proposer ses propres stages et ceux de quelques photographes de grande qualité. Aujourd’hui son travail est diffusé par les agences Hemis.fr – Getty et AGE fotostock ainsi que sur son propre site professionnel www.philippebody.com

Pin It on Pinterest

Share This

Vous avez aimé cet article ?

Partagez le sur vos réseaux préférés