passer du reflex à l'hybrideFaut il passer du reflex à l’hybride ? Cette question agite désormais la planète photo, avec plus ou moins d’intensité. Un débat qui a déjà quelques années, mais qui s’impose en 2019 avec l’entrée de Nikon et Canon dans l’univers de l’hybride. Personnellement, j’ai commencé à utiliser des hybrides il y a 6 ans déjà. Et je n’ai plus de reflex depuis 2 ans.  Voici donc les raisons de mon choix et pourquoi je ne regrette pas du tout ce changement.

Le reflex une très longue histoire

Les historiens de la photo font remonter au 17° siècle l’invention du principe de la visée réflexe . Il faudra quand même attendre le milieu du 20° siècle, au début des années 40, pour voir apparaitre les premiers appareils à visée reflex à hauteur des yeux. Mais dès lors le succès ne se démentira plus jamais.

la visée reflexLe principe de la visée reflex est simple en théorie : un premier miroir renvoie l’image qui passe par l’objectif. Elle est ensuite redressée par d’autres miroirs avant de sortir par l’oculaire où l’on presse son œil. Avantage évident, on voit exactement ce que l’on prend en photo. Enfin presque, car avec l’arrivée des objectifs à visée à pleine ouverture, on voit ce que l’on prend à l’ouverture maximale uniquement. Pour visualiser la profondeur de champ, il faut passer en visée à ouverture réelle en appuyant sur son testeur de profondeur de champ. Le reflex a pourtant survécu à tout. Des différents formats de films, au numérique.

Miroir mon beau miroir, suis je toujours le plus beau ?

Et voilà qu’une nouvelle catégorie d’appareil apparue en 2008 vient aujourd’hui menacer la suprématie du bon vieux reflex.  Pas un magazine photo qui n’ait ces derniers temps prédit la fin des reflex, le début de la guerre, etc. Comme d’habitude on a eu droit à une bataille de chiffres et de performances sur papier. Du coup je me suis dit qu’ayant acheté mon premier hybride il y a 6 ans déjà, mon expérience vous serait peut être utile.

Au fait c’est quoi un hybride

passer du reflex à l'hybride Lumix pour la vidéo Mirrorless camera, disent les anglo-saxons. Sans miroir, donc. D’où le gain de compacité et de légèreté. Par contre, la visée est forcément électronique (comme sur les bridges). Pour le reste et en pratique c’est du pareil au même et passer du reflex à l’hybride est en général indolore.

Pourquoi j’ai choisi de passer du reflex à l’hybride

Le premier hybride que j’ai testé était le Sony Nex d’un ami vietnamien. Cet appareil a eu un succès immédiat là bas. Cet ami étant un pur photographe de presse, je me suis dit que le matériel devait avoir certaines qualités. Fin 2013, après avoir longtemps hésité entre Sony et Fuji j’ai acheté mon premier hybride. Comme pas mal de photographes, je me suis dit que mon dos apprécierait un peu de légèreté.

J’ai commencé par faire un test comparatif entre le Fuji XM1 équipé d’un 16/50 XC (la série bon marché d’optiques Fuji) et le Nikon D7000 équipé d’un 16/85 MM de ma femme. Pour cause de (gros) mal de dos, Nathalie travaille avec du matériel léger. Le résultat m’a un peu déstabilisé. J’avais choisi Fuji à cause de la gamme d’objectif, bien plus étoffée que celle de Sony à l’époque et sur les conseils d’un collègue qui m’avait vanté la qualité des capteurs Fuji. Résultat du test, le capteur du D7000 était dépassé dans tous les domaines.

Premier changement de Gamme en 2013

L’année suivante, je décidais de passer du reflex à l’hybride (pour Nathalie).  J’attendais de voir à l’usage, la solidité, la fiabilité, etc. Toutes notions qui ne s’estiment pas en une semaine et dont les test de labo ne parlent pas et qui sont capitales en voyage. Quatre ans plus tard, j’ai choisi de passer du réflex à l’hybride  pour moi aussi et définitivement.

Le poids n’est pas l’argument premier

pourquoi passer du reflex à l'hybrideL’argument du poids était pour moi était décisif au départ. La visée électronique me rebutait un peu, mais la légèreté me semblait être plus importante. Mais tout ça c’était avant d’utiliser un hybride sur le terrain. En fait ces appareils et cette visée électronique sont de magnifiques machines à prendre des photos. Personnellement, les arguments de pixels, de taille de capteur et de performances sur le papier ne m’ont jamais intéressé. De toute façon, les techniques évoluent tout le temps. Ainsi il y a10 ans, on trouvait génial qu’un appareil fasse 12 millions de pixels et monte à 1600 ISO. Aujourd’hui cela parait loin, mais votre matériel actuel sera dépassé tout aussi vite. Aucune importance, les images en 12 MP sont toujours exploitables. Enfin, si vous croyez que c’est le matériel qui fait la photo, demandez vous avec quoi travaillaient donc tous ces grands photographes qui sont aujourd’hui en galerie ou au Musée.

Quels arguments en faveur du passage du reflex à l’hybride ?

Vous n’aurez aucun mal à trouver des dizaines d’articles discutant des avantages qu’il y a ou pas à passer du reflex à l’hybride.  La plupart de ces comparatifs se bornent aux aspects techniques et de performance des boitiers. Mais qui parle dans ses tests de confort d’utilisation, de maniement sur le terrain ? Voici résumé, 6 ans d’utilisation intensive d’appareils hybrides en situations variés (voyage, studio, etc.).

Fini les problèmes d’exposition

La visée électronique, c’est voir le rendu de la photo dans le viseur. Image trop sombre, trop claire, une correction du bout des doigts – sans quitter l’œil du viseur – et le tour est joué. Plus besoin de contrôler votre histogramme après la prise de vue. Vous pouvez même l’afficher dans le viseur.

Vous voulez voir la photo que vous venez de prendre ? Plus besoin de quitter l’œil du viseur, appuyez sur le bouton de visualisation et elle s’affiche. En plus elle et est parfaitement lisible et vous pouvez zoomer dedans. Confort : 100%.

Un réglage à changer, gardez l’œil collé au viseur, tous vos menus sont accessibles. Qui dit mieux ?

Le silence est d’or

l'hybride Nikon
A l’époque de l’argentique, nombreux étaient les photographes à acheter ou à rêver d’un Leica pour son silence légendaire. Rien de plus énervant que le clac nerveux et sec d’un boitier reflex. Les visages de la personne photographiée qui se tourne vers vous … tout le monde a un jour sursauté au propre bruit de son appareil. Et je ne parle même pas des modes rafales. Avec l’hybride zéro bruit. C’en est presque troublant, mais il y a un mode mécanique avec un petit bruit très léger pour les nostalgiques.

Le retour de l’hyperfocale

Ah l’hyperfocale ! Tellement pratique en street photo, au grand angle, en photo de paysage. Oui mais voilà, le calcul avec une appli, les vieilles recettes … ça marche pas trop. Avec un zoom et un reflex, c’est  compliqué et long ; avec un hybride trop facile. Votre échelle de profondeur de champ s’affiche en bas de l’écran, il n’y a plus qu’à tourner la bague. Simple et terriblement efficace. Voilà une vraie raison de passer du reflex à l’hybride

La profondeur de champ

J’ai gardé le meilleur pour la fin. La profondeur de champ, tout le monde adore. Le testeur de profondeur de champ ? Euh non là rien ne va plus. Je pose régulièrement la questions dans mes stages: est ce que vous appuyez sur votre testeur de profondeur de champ ? Ben non, pas facile, pas lisible, trop sombre. Donc comment fait on ? On ne fait pas la plupart du temps. Avec un reflex, les amateurs trop souvent gèrent leur profondeur de champ de façon intellectuelle : fond flou F2.8 ou F4 et tout net F16. Hop, vite fait … pas trop bien fait.

Avec une visée électronique, le viseur ne s’assombrit pas lorsque l’on appuie sur le testeur de profondeur de champ. On voit aussi bien et c’est génial. Avec Fuji, il suffit d’appuyer sur le déclencheur pour visualiser la profondeur de champ. Imbattable.

Et la mise au point ?

Olympus hybride 4:3Personnellement, je ne vois pas assez bien pour faire une retouche du point manuelle avec mes objectifs. Sur les hybrides, on peut agrandir et zoomer dans l’image et affiner la mise au point avec le focus peaking. Les fabricants ont même fait de nouveaux des bagues de mises au point fermes et fluides. Un pur bonheur.

Rendu d’images et couleurs

Lorsque vous faites du Noir et Blanc, que vous changez de style d’image ou de balance des blancs avec un reflex, vous êtes dans le virtuel. Il faut faire une photo pour voir le résultat. Et de plus, on ne voit pas très bien sur le LCD d’un reflex en général, surtout en plein soleil. Avec un hybride on peut afficher le rendu d’image. Et ce que vous voyez dans le viseur, est ce que l’appareil va enregistrer. Pour de vrai. C’est plus qu’appréciable et pour certains cela va tout changer.

Toute ma vie de photographe argentique, j’ai utilisé des films Fuji. Alors, j’ai choisi Fuji comme marque d’hybride. Et ça marche, j’ai retrouvé (enfin) des vrais et belles couleurs. Et oui, Nikon, Canon ont un vrai savoir faire optique, mais ils n’ont jamais fait de films et quand on compare ça se voit.

Travailler à l’ancienne avec un matériel ultra-moderne

Pour moi ça a été la vraie surprise de l’hybride :  retrouver des techniques anciennes (hyperfocales, profondeur de champ, etc.) améliorées et facilitées sur du matériel ultra moderne. Les possibilités offertes par la visée électronique sont assez incroyables en fait et on s’y habitue très vite.

Le poids n’est pas le meilleur argument pour passer du reflex à l’hybride

 Canon Eos R - faut il passer à l'hybrideCurieusement le poids n’est pas l’argument massue en faveur de l’hybride. Notamment parce que la plupart des marques ont choisi récemment de se concentrer sur les pleins capteurs. Résultat, les objectifs sont presque aussi lourds qu’avant. Olympus et Lumix proposent des boitiers au format 4:3 réellement légers. Fuji au format APS-C permet aussi de gagner beaucoup de poids, grâce à sa gamme optique très légère et qualitative. En voyage mon sac pèse désormais 5kg, avec 2 boitiers Fuji et une couverture focale du 10 au 200MM soit 15 à 300MM en équivalent Plein capteur. Avec un système reflex, il me faudrait porter 2 fois plus. C’était le poids de mon sac en Nikon.

Le choix des marques et des formats

Olympus, Lumix, Sony, Fuji et maintenant Canon et Nikon proposent un choix varié de modèles. Tous les prix et tous les niveaux de boitiers sont proposés. Du petit budget au matériel pro. Idem pour les formats :

La vidéo

Les hybrides ont investi la vidéo et proposent des boitiers à l’aise dans les 2 disciplines. Lumix entre autre a séduit beaucoup de jeunes photographes pro par les prestations vidéo proposées. Fuji commercialise désormais des optiques spéciales vidéo pour ses boitiers et Sony a aussi emprunté cette voie.

Et les défauts ?

Voyons maintenant les raisons pour ne pas passer du reflex à l’hybride. D’abord, il y a des personnes qui ne supportent pas la visée électronique et son rendu forcément un peu artificiel. Mieux vaut essayer donc avant d’acheter. Ensuite, mais c’est un défaut qui s’améliore sur les derniers modèles, il peut y avoir de la rémanence dans l’affichage et donc un manque de fluidité lorsque vous utilisez le mode rafale. C’est évident avec les très hautes cadences, même sur des boitiers haut de gamme.

Cadence moteur et vitesse de l’AF

La cadence du mode rafale atteint désormais des records sur certains appareils (14 im. / sec. – sur mon Fuji) et n’est pas un souci. Les Lumix dépassent les normes des reflex. En revanche, réactivité et précision de l’AF ne sont pas au niveau des meilleurs reflex. Pour les photographes de sport et d’animalier, il est urgent d’attendre. Pour les autres la rapidité des hybrides Sony et Fuji est excellente.

La gamme optique

Nikon et Canon ont fini par se mettre à l’hybride avec … 5 ans de retard. Mais avec une monture optique différente. Bref, aucune marque d’hybride ne dispose aujourd’hui d’un choix d’optiques aussi large que celui proposé pour les reflex Canon ou Nikon. Sony a partiellement rattrapé son retard, mais n’offre pas une gamme milieu de prix de qualité. Fuji a un choix plus restreint mais de grande qualité. Lumix offre un choix très large mais dans le format 4:3. Mais avec ses dernières alliances et sa monture L, les choses vont sans doute changer très très vite.

il y a un autre défaut dont personne ne parle jamais et c’est la sensibilité accrue aux poussières. Le miroir ne protège plus le capteur qui est plus vulnérable que sur les reflex. Pas grave, mais les poussières c’est très chronophage.

Conclusion

Alors faut il passer du reflex à l’hybride ? A priori, si vous êtes bien avec votre appareil rien ne doit vous faire penser à en changer.  L’argument du poids est important pour beaucoup de photographes au dos maltraité par des reflex de plus en plus lourds et encombrants. Mais pour moi, les arguments qui me font préférer les hybrides Fuji sont les suivants:

  1. les couleurs légendaires FUJI
  2. l’absence de bruit
  3. le confort de la visée réelle avec rendu d’image et d’exposition
  4. le retour de l’hyperfocale
  5. la possibilité de zoom en mise au point manuelle
  6. la gamme optique
  7. le poids

Ce qui me gêne dans l’hybride (le mien en tout cas):

  1. rafraichissement de l’affichage en mode rafale
  2. un système de menu pas très bien foutu (Fuji)

Voilà j’espère que ce test terrain, vous aura éclairé un peu et aidé à faire votre choix. Comme d’habitude, merci de partager sur vos réseaux et faites connaitre le blog à vos amis, à votre club, j’aimerais beaucoup atteindre le chiffre symbolique de 2000 abonnés 😉

 

 

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Philippe Body

Photographe de voyage professionnel, blogueur, directeur de Avec Un Photographe

Photographe de voyage professionnel, spécialisé sur l’Asie, Philippe Body je parcours le monde depuis l’âge de 22 ans,réalisant reportages et livres et guides de voyage. Mon travail photographique est diffusé par les agences photo Hemis.fr, Gamma-Rapho et Getty Images entre autres ainsi que sur ma photothèque pro : www.phlippebody.com

En 2011, je créé le site www.avecunphotographe.fr puis la société AVEC UN PHOTOGRAPHE pour proposer des stages photo axés sur la composition et la créativité. J’organise aussi des voyages photo en Asie. Le blog avec un  photographe est lancé en 2015. Depuis le site s’est ouvert à d’autres photographes pros de talent. … en savoir plus

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